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Wednesday, June 24, 2020

L214 dénonce le sort des agneaux liquidés à la sauce roquefort - Libération

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«On ne peut pas dissocier le roquefort du sang versé par les agneaux.» Une fois encore, Sébastien Arsac, cofondateur de l’association de protection animale L214, frappe fort. Et enfonce le clou : «Quand on mange du roquefort, on ne réalise pas forcément que les brebis doivent donner naissance à des agneaux pour produire du lait. Et ces agneaux, il faut bien en faire quelque chose. Comme dans de nombreuses filières en France, c’est l’élevage intensif qui les attend, puis l’abattoir.»

Intitulée «Roquefort : souffrance d’origine garantie», la nouvelle enquête de L214, tournée en début d’année et diffusée ce mercredi, révèle le sombre destin des agneaux issus de l’industrie laitière liée à la production du roquefort. Tandis que 1 million d’agneaux naissent chaque année au sein de cette filière, environ un quart sont utilisés pour renouveler le cheptel ; les autres sont soit abattus très vite, soit engraissés pendant quatre mois avant d’être tués.

Animaux entassés

Les images diffusées par L214 témoignent des conditions de vie de ces derniers au sein de la société Grimal, située à Rullac-Saint-Cirq, dans le sud-Aveyron. Cette vaste exploitation engraisserait 120 000 agneaux par an, soit 10% des petits qui naissent sur le territoire du roquefort. «Des milliers d’agneaux sont entassés dans des bâtiments, sans aucun accès à l’extérieur, décrit Sébastien Arsac. De nombreux animaux souffrent de maladies respiratoires. Certains sont estropiés et n’arrivent plus à atteindre l’abreuvoir. D’autres agonisent sans recevoir de soins. Des bacs d’équarrissage sont remplis de cadavres…»

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Jérôme Faramond, président de la Confédération générale des producteurs de lait de brebis et des industriels de Roquefort, estime que sa filière n’est pas responsable de ces conditions d’élevage : «Nous, on fait du lait, pas des agneaux, argue-t-il. Chacun ses responsabilités. Je laisse donc la filière viande commenter cette enquête qui provient, disons-le, d’une association à la vision assez extrémiste.» Lui-même associé dans une exploitation comptant environ 700 brebis, il explique que les agneaux qui ne sont pas conservés dans son élevage partent à l’engraissement à l’âge de 1 mois.

«Cadences infernales»

Pour nombre d’agneaux aveyronnais, cette phase d’engraissement s’achève à l’abattoir industriel Arcadie Sud-Ouest, près de Rodez, qui se présente comme le «premier abatteur d’ovins de France». C’est là que s’est poursuivie l’enquête de L214 : «Un agneau y est abattu toutes les dix secondes. Les animaux sont égorgés à vif ou étourdis par électrocution. Mais les cadences infernales et les mauvaises pratiques, comme les étourdissements ratés, entraînent la saignée et l’accrochage d’agneaux encore totalement conscients», dénonce Sébastien Arsac.

Qui explique qu’en avril 2016, les services vétérinaires avaient déjà constaté des «non-conformités majeures» dans le processus de mise à mort des animaux dans cet abattoir. Ce rapport d’inspection accablant pointait en effet une «méconnaissance générale des bonnes pratiques et des étapes essentielles de maîtrise de la protection animale», évoquant notamment le «hissage d’animaux conscients» sur la chaîne d’abattage, autrement dit après l’égorgement et juste avant que la peau ne soit retirée.

Silence radio

L214 porte plainte auprès du procureur de Rodez pour sévices graves et demande la fermeture d’urgence de cet abattoir. Une seconde plainte vise le centre d’engraissement Grimal pour non-respect d’une directive datant de 1998, concernant la protection des animaux d’élevage. L214 exige en outre que la Confédération générale de Roquefort modifie son cahier des charges afin d’offrir un accès à l’extérieur aux agneaux durant leur courte vie. Une demande balayée par son président, qui rappelle que ses adhérents «font du fromage, pas de la viande».

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Contacté par Libération, l’abattoir Arcadie Sud-Ouest n’a pas donné suite à nos sollicitations. Ni la société Grimal. Le syndicat Interbev, qui regroupe les principaux acteurs de la filière de la viande, n’a pas davantage souhaité s’exprimer. Le silence sur les agneaux… Curieux remake aveyronnais.

Sarah Finger


June 24, 2020 at 01:40PM
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