Ushuaïa TV - Samedi 8 août À 20 h 40 - Documentaire
Avec sa casquette sur l’arrière du crâne, son sourire bon enfant et sa benne à ordures aménagée en cuisine roulante, David Gross attire la sympathie – ou, au pire, l’indulgence. Le journaliste autrichien, autoproclamé « activiste alimentaire », a ainsi choisi de traiter en mode farfelu un sujet révoltant : le gaspillage alimentaire. Au volant d’un 4 x 4 roulant à l’huile de friture usagée (dégageant au passage des oxydes d’azote et des particules fines), il a sillonné l’Europe en quête d’initiatives « antigaspi » originales et de recettes de produits délaissés. La minisérie de quatre fois deux épisodes qui en résulte renouvelle un genre ancien – la première édition de L’Art d’accommoder les restes dédié aux petites fortunes, par un « gastronome émérite », date… de 1866. Elle surprend également à plus d’un titre, en particulier quand elle aborde, comme ce soir, la France.
Sur le fond, l’aberration environnementale est inacceptable. 1,3 milliard de tonnes de nourriture finirait à la poubelle chaque année dans le monde, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), soit 10 millions de tonnes uniquement en France. Alors qu’à l’autre bout de la chaîne 690 millions d’humains souffraient de la faim en 2019 (source FAO).
Sur la forme, le traitement désinvolte proposé par la télévision autrichienne nécessite quelques adaptations. Tout d’abord techniques : ainsi, il ne faut pas s’étonner d’entendre David Gross lancer le « dernier » épisode quand il s’agit pour nous du 3e. L’ordre de diffusion a été modifié pour cette première en première partie de soirée dans l’Hexagone. Trois épisodes de la saison 1 (Pays-Bas, Belgique et France) ont été ajoutés à la saison 2 (Danemark, Angleterre, Italie, Grèce, Roumanie).
Pragmatisme actif
Passé ce petit calage vient l’adaptation… culturelle. La France « gastronomique » est surtout appréhendée comme le pays où l’on gaspille le plus : « On dit que c’est à Rungis qu’on jette le plus de nourriture », surtout du poisson. David Gross va donc remonter la filière. Depuis le plus grand marché de gros européen (dans un reportage trop superficiel) jusqu’au chalutier à langoustines d’Eric Pochat. En passant par des cours de cuisine gratuits que dispense la chef Sonia Ezgulian (riz aux poireaux et huile de sardines en boîte), qui flingue au passage la « grande » cuisine.
L’huile de sardine sert à tout, même à faire avancer le 4 x 4 jusqu’au port pilote de Saint-Guénolé (Finistère), où est installée l’association Le Panier de la mer depuis quinze ans. Là, tout sourire, Hélène ne se laissera pas culpabiliser et défendra pied à pied son pragmatisme actif face à l’utopie rêveuse d’un David… contraint à capituler !
Contrairement à la France, le Danemark, qui suit, a la réputation d’être un bon élève de la lutte antigaspi. Ce que le téléspectateur pourra vérifier auprès d’un jeune chef jovial et nature, Jakob Hvidsten Orstrup, spécialisé dans l’accommodement du varech, ou en découvrant l’application consacrée aux invendus Too Good to go et le premier restaurant antigaspi Rub & Stub. A refaire chez soi : la tarte au pain rassi, chocolat périmé et vieille citrouille. « Nyd dit maltid ! », bon appétit, en danois.
La cuisine antigaspi, de Georg Misch (Aut., 2015 et 2017, 8 x 26 min). En replay 30 jours.
August 09, 2020 at 01:00AM
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« La cuisine antigaspi » : recettes à la sauce autrichienne - Le Monde
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