Cédric Fenech, comment se déroule le tournage d’une série à l’heure du Covid-19 ?
Exactement comme un tournage normal. On a des équipes prudentes à la base. Les techniciens ne manipulent pas certains objets sans des gants, ils respectent une distance de sécurité lors de scènes rapprochées et nous avons déjà des normes d’hygiène pour le maquillage. Ce qui a changé, c’est le port du masque, la mise à disposition plus régulière de bidons d’eau et de savon pour se laver les mains. Et comme on s’efforce de faire attention, chacun a son gobelet réutilisable.
« Pour Arte et pour nous, il fallait que ce soit tourné en Alsace »
Quel est le pitch du « Somnambuliste » ?
Simon, le personnage principal, vient d’avoir 30 ans. Dans chaque épisode, au lieu de se réveiller dans son lit, il se réveille dans un endroit incohérent. Une église, un cercueil… Il doit alors comprendre ce qu’il a fait et comment. Il s’agit d’une comédie noire avec une touche de thriller, une intrigue policière. Commencer une intrigue et la boucler en 13 minutes, c’est délicat… Moi, ça me fait penser à Code Quantum , cette série des années 1990 où le personnage principal, interprété par Scott Bakula, se retrouvait à chaque fois ailleurs.
Comment s’est construit ce projet de web-série ?
Avec le réalisateur, Jérémy Strohm, on travaille ensemble depuis longtemps. Lui est de Strasbourg et il avait déjà le scénario en tête depuis une dizaine d’années. On en avait un peu marre de tourner à Paris. On a alors tourné le pilote en Alsace, au pays de Barr. Avec cette volonté de mettre en avant la gastronomie alsacienne, ses paysages, ses cultures, sa vie… Le projet a été présenté à Canal +, qui souhaitait un format décalé mais pas nous. Arte , également intéressé par le projet et dont le siège social se situe à Strasbourg, a une autre éthique de production, qui nous correspond mieux. On est tout de suite tombé d’accord en se disant qu’il fallait que ce soit tourné en Alsace, avec notre comédien principal, Gilles Vandeweerd. Parce que ça ne deviendra pas Le Somnambuliste en Bretagne ou en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Pourquoi avoir choisi de venir tourner à Mulhouse en particulier et, plus globalement, dans le Haut-Rhin ?
Il y a d’abord une raison pratique. Mulhouse est à 2 heures 30 environ de TGV de Paris. On y trouve également une plus grande variété de décors. Des décors industriels, les décors offerts par la villa rue du Jura… Tout en ayant accès aux paysages de la Route des vins. Et puis Mulhouse, c’est aussi la possibilité d’avoir accès à de bons restaurants, à des petits commerces de proximité. Quand on reste un mois quelque part pour travailler, il y a une notion de confort importante à trouver.
Un tournage n’étant jamais parfait, il doit bien y avoir l’un ou l’autre point noir…
Oui, le manque de techniciens locaux. À Strasbourg, il y en a davantage. Ils semblent frileux pour venir jusqu’ici, contrairement aux comédiens, qui se déplacent volontiers. Par exemple, nous n’avons trouvé ici aucun machiniste, pas de décorateurs et très peu d’électrotechniciens. Notre décoratrice vit entre Strasbourg et Paris, elle est venue parce que le projet lui plaisait. Et notre costumière vient de Rouffach, elle travaille aussi à Paris. Par contre, on a remarqué qu’il y a plein de chefs costumières ici, avec un profil de théâtre. C’est bien, mais ce n’est pas tout à fait adapté au cinéma.
« Les habitants du coin ont été d’une aide incommensurable »
Quelles sont vos impressions, alors que vous êtes à mi-parcours du tournage ?
J’ai l’impression que l’équipe a trouvé son rythme et commence à se faire plaisir. Nous sommes arrivés le 18 août et depuis, on n’a pas arrêté. La première semaine a été un long tunnel, avec des nuits à cinq heures de sommeil. Il faut dire qu’on a commencé par les tournages en extérieur, ce qu’il y a de plus dur. Parfois, on faisait quatre à cinq décors dans une journée. Mais les habitants du coin ont été d’une aide incommensurable. À Merxheim, un bûcheron nous a par exemple permis de tourner dans sa parcelle forestière. Heureusement qu’on a eu Marianne Knecht sur place, qui a bien préparé le tournage. Le cadre de travail est sympa. C’est comme une colo, une colo où il faut bosser !
Pouvez-vous nous présenter en quelques mots Centurions Films ?
La société existe depuis onze ans. Ma volonté, à la base, c’était de produire des séries mais il nous arrive aussi de développer des courts-métrages. On vient de signer notre transfert en Alsace, à Illkirch-Graffenstaden. On en a marre de bosser à Paris, on veut voir autre chose et on a beaucoup de projets, certains encore à l’état de pilote, destinés à être portés en Alsace. Ici, les décors sont variés. On a accès à tout, sauf à la mer.
« Le Somnambuliste » se limitera-t-il à six épisodes ?
À ce stade, on ne peut rien promettre mais Arte nous a déjà demandé ce qu’on envisageait pour la saison 2…
Pur etc. « aux petits soins » gustatifs de l’équipe
Un an après son ouverture rue de la Justice à Mulhouse (notre édition du 17 septembre 2019), Pur etc. a déjà eu l’opportunité de déplacer son restaurant hors les murs, à la rencontre d’une nouvelle clientèle. C’est en revanche la première fois qu’André Adjiba et son équipe cuisinent pour une équipe de tournage comme celle du Somnambuliste. « On côtoie la production, les techniciens, les comédiens, on assiste en avant-première à la création d’une série, c’est stimulant », reconnaît le gérant, par ailleurs musicien professionnel à l’Orchestre symphonique de Mulhouse. Sa cuisine, il la définit comme « saine, locavore et écoresponsable ». « S’adapter aux régimes alimentaires, comme on le fait sur ce tournage, c’est notre dada. On réfléchit à nos plats, on crée de nouvelles choses, on est aux petits soins pour eux ! » Une première expérience qui pourrait en appeler d’autres, ajoute André Adjiba : il y a de fortes chances que Pur etc. assure également la restauration lors du tournage de Meurtres à Mulhouse , prévu en octobre 2020.
Repères
Les lieux de tournage
Mulhouse : la villa Jura, la villa Argonne, DMC depuis l’extérieur, l’ancienne maternité du Hasenrain ; Eschentzwiller ; Richwiller ; Steinbrunn-le-Haut ; Obermorschwiller ; Gueberschwihr ; Westhalten ; Merxheim…
Le budget
449 000 € qui se décomposent comme suit : 200 000 € d’Arte, 140 000 € du Centre national du cinéma et de l’image adaptée (CNC), 74 000 € de la Région Grand Est, 35 000 € de Centurions Films. Plus de la moitié de ce budget est consacrée aux salaires de l’équipe.
L’équipe
Vingt-cinq personnes en moyenne, en comptant les comédiens, auditionnés à Paris ou en Alsace.
La diffusion
Le Somnambuliste doit être terminé le 15 novembre 2020 au plus tard. La web-série devrait être visible d’ici la fin de l’année sur le compte Instagram @arte_asuivre puis sur la plateforme d’Arte.
September 06, 2020 at 10:06AM
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MULHOUSE. Tournage : « Le Somnambuliste », comédie noire à la sauce alsacienne - L'Alsace.fr
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sauce
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